Dans un message de Monsieur ANDRE REGEF, frère de Marie Claude DUMOULIN, il nous a adressé un poème de Paul VERLAINE trouvé dans ses documents.
Quel bonheur de le découvrir et de vous le faire partager.
copyright claude charensol
NOCTURNE PARISIEN
Toi, Seine, tu n'as rien. Deux quais et voilà tout.
Deux quais crasseux, semés de l'un à l'autre bout
D'affreux bouquins moisis et d'une foule insigne
Qui fait dans l'eau des ronds et qui pêche à la ligne.
Oui, mais quand vient le soir, raréfiant enfin
Les passants alourdis de sommeil ou de faim,
Et que le couchant met au ciel des taches rouges,
Qu'il fait bon aux rêveurs descendre de leurs bouges,
Et, s'accoudant au pont de la Cité, devant
Notre Dame, songer, cœur et cheveux au vent !
Les nuages, chassés par la brise nocturne,
Courent cuivreux et roux, dans l'azur taciturne.
Sur la tête d'un roi du portail, le soleil,
Au moment de mourir, pose un baiser vermeil.
L'hirondelle s'enfuit à l'approche de l'ombre,
Et l'on voit voleter la chauve-souris sombre.
Paul Verlaine